March 10, 2016

REVIEW FROM MUSIC IN BELGIUM

La fin de l'hiver est toujours une période difficile. On en a marre du froid, du temps gris et de la pluie. On espère l'arrivée du printemps, surtout en Belgique où la belle saison nous apportera du froid, du temps gris et de la pluie. Alors, pour oublier ces sombres perspectives climatiques, il vaut mieux partir dans d'autres univers, visiter d'autres planètes et s'enivrer de sensations sonores d'un autre monde. Un des véhicules qui pourrait nous aider dans ce voyage est le nouvel album d'Inutili, groupe italien qui commence à s'enkyster dans le paysage psychédélique européen avec son troisième opus, qui fait suite à "Satori" (2013), "Music to watch the clouds on a sunny day" (2014) et la compilation d'inédits "Unforgettable lost and unreleased" (2014).

Le groupe de Teramo a toujours un rythme de production assez soutenu (deux albums en 2014, juste 14 mois passés avant que le nouvel album ne voit le jour) mais a opté pour quelques changements en profondeur. D'abord, le bassiste Giancarlo Di Marco a quitté le groupe et ensuite, un chanteur a été intégré dans ce combo jusqu'alors instrumental. Enfin, on ne sait pas si c'est un nouveau chanteur ou si c'est un des trois membres restants, entre Alessandro Antinori (batterie), Pietro Calvarese (guitare) et Danilo Di Francesco (guitare), qui fait office de vocaliste. On ne sait pas non plus s'il y a un nouveau bassiste et quel est son nom car les informations sur Inutili sur le Net sont à peu près autant faciles à trouver qu'une copie neuve des manuscrits de la Mer Morte.

Mais laissons tomber ces données factuelles qui n'intéressent que les statisticiens. Il reste la musique qui affiche ici une grande forme. Comme à son habitude, Inutili officie dans un rock garage psychédélique volontiers déjanté mais qui trouve ici davantage de structure. Le vocaliste ne prend pas le pouvoir et chante juste ce qu'il faut pour une entretenir une ambiance tantôt décadente, tantôt explosive (le gigantesque "We can stop at the ocean for a swim on the way", digne de King Gizzard & The Lizard Wizard ou de Ty Segall). Le groupe défend ici le concept du CD puisque les versions vinyles ne contiennent que six titres alors que l'édition CD propose six titres supplémentaires.

C'est ainsi qu'après avoir dégusté de l'avant-garde à la mode des Sixties ("Robots", "The screaming nature of a criminal"), ou avoir été trempé dans l'acide lysergique ("On acid days") et saccagé à coups de garage rock ("Turn off the television"), l'auditeur amateur de CD joue les prolongations avec de la psychédélie électronique et du krautrock cosmique ("Definitive decisions", "Sea eyes"), du rituel mortuaire vaudou ( "Sprites"), de la récitation tantrique ("Sunlight") ou des expérimentations instrumentales extrêmes ("Surfing automa", "Minus-Log"). Cette deuxième partie d'album est beaucoup plus proche de la folie originelle d'Inutili dont Julian Cope, spécialiste des musiques d'un autre monde, a dit le plus grand bien. Elle démontre la palette très large des talents de ce groupe qui, sans en avoir l'air, est en train de devenir un des combos les plus convaincants et excitants de la scène néo-psychédélique/garage italienne.

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